accueil creations autres creations groupe forum evenements oujevipo
Bientôt une section OuJeViPo (Ouvroir Jeu Vidéo Potentiel), par Nurykabe :)
L'OuXPo selon l'ami Wikipédia : clique clique

Texte de Nurykabe aux débuts de l'OuJeViPo:
Hoplà ! Vous cherchez des idées de contraintes marrantes ? J'ai essayé de fourrer mon nez dans les textes de l'oulipo pour voir ce qui était adaptable en oujevipo. Voilà un petit résumé de " la litérature potentielle ". J'ai un peu de mal à trouver des équivalents en jeu avec certains principes, mais vous aurez sans doute plein d'idées auquelles j'ai pas pensé donc c'est parti :

Je met quelques textes et poèmes en exemple, je pense que ça peut apporter un peu " d'inspiration ". Si vous en avez dans ce style, ne vous gênez pas. Mais une note cependant : je sais que c'est vachement difficile, mais il ne faudrait pas que l'oujevipo devienne uniquement de l'OUCI(nema)PO sur pc, si vous voyez ce que je veux dire, donc penser à adapter les contraintes à l'une des principales caractéristiques qui différencie le jeu d'un autre art : l'interactivité ! Hé oui, si la contrainte utilisée n'intervient que sur les dialogues, et que le joueur n'intervient pas sur ce qu'il se passe, ça perd beaucoup de son intérêt. Je conçois bien qu'autant il est assez aisé de transposer un principe littéraire en image ou en son, autant le transposer en " concept interactif " est déjà plus casse-tête... Qu'à cela ne tienne, cassons-nous la tête justement lol !

L'acrostiche. C'est quand on comprend autre chose en lisant le poème verticalement (par exemple avec les permières lettres de chaque vers, ou les derniers mots de chaque ligne etc...). Un exemple tout de suite en langage Yoda :

Iras-tu, dans la forêt, marcher ?
Peut-être les bouzous y verras-tu.
Attention, méchamment armés ils sont !

Le lipogramme. Vous savez, c'est le principe de " la disparition " de Perec, écrire un texte sans utiliser telle ou telle lettre. Ajouter à cela la " traduction lipogrammatique ", c'est à dire reprendre un texte en trouvant des synonymes pour qu'une lettre en devienne absente sans en changer le sens.

Palindrome. C'est une phrase ou un texte qui peut se lire dans les deux sens. " Chaque mot me cache ", " Karine en Irak ". Là, on peut y voir de grandes applications en jeu (scénar, dialogues, sons, décors inversés à partir du milieu du jeu, mais aussi principes des mini-jeux à l'envers, commandes inversées etc etc...).

Vers rhopaliques. Une phrase dont, par exemple, le nombre de lettre des mots est croissant. " L'un rit dans notre jardin ". (Ça existe aussi en remplaçant " longueur des mots " par " place des lettres dans l'alphabet " ou tout truc de ce genre que vous puissiez imaginer...) Alors la question est : qu'est ce qui dans un jeu peut être croissant ? Tiens, pour trouver des principes inhérents au jeu en lui-même, une petite astuce (avec moi elle marche plutôt bien) : pensez d'abord à la façon dont vous l'appliqueriez dans un jeu de société, et ensuite à un jeu vidéo.

L'homophonie. Rien ne m'intéresse. Ris, en aimant, Thérèse. Voilà, c'est ça ! Par les bois du djinn ou s'entasse de l'effroi, parle, et bois du Gin ou cent tasses de lait froid etc...
Variations... Extrait du " poème pour bègue " de Lescure. " A Didyme où nous nous baignâmes les murmures de l'Ararat... "

Tautogramme : N'utiliser qu'un seul son pour les consonnes. A ce qu'il paraît le français n'est pas la langue idéale pour le tautogramme.

Poèmes cylindriques. Oui, il y a beaucoup de références à des formes géométriques dans l'oulipo, ici, par exemple, le principe c'est d'écrire une phrase sur un cylindre et que l'on puisse commencer à lire cette phrase par deux ponts différents minimum. " Le marin brave l'artiste grave " placé sur un cylindre, on peut aussi y lire " L'artiste grave le marin brave ". En reportant ça au scénario d'un jeu (voire aux systèmes internes, points d'exp, inventaire etc etc ), on peut faire de bonnes choses.

La littérature définitionnelle. Exemple : " Je me suis déplacé la rotule, c'est fort désagréable " devient " J'ai changé la place du petit os circulaire et plat situé à la partie antérieure de mon genou, ce qui a causé une impression pénible ". Ça marche aussi en prenant une définition d'un homonyme (par exemple une rotule est aussi une pièce mécanique, même si ce n'est pas ce à quoi je pensais au départ) ou encore la définition DE la définition, c'est le principe du " L.S.D. poétique " qui peut faire d'une phrase courte un texte aussi long que possible. On peut aussi donner sa propre définition d'un mot. On peut sûrement faire la même chose avec une scène d'un jeu, la " creuser ", rajouter des mini-jeux au moindre prétexte, et réappliquer le même traitement plusieurs fois de suite, à la fin, il y aura un mini-jeu à accomplir rien que pour pouvoir faire un pas en avant lol.

Homosyntaxisme, chimères, réappropriation des structures. Replacer dans l'ordre les verbes noms etc, mais avec les substantifs d'une autre provenance. Un renard ne donne pas d'argent + Au gibet noir dansent les paladins = Un gibet ne noircis pas de danse ! Là, je pense qu'il y a carrément matière à oujevipiser ça ! Le problème c'est les " bases ". L'oulipo à tendance à amoindrir la subjectivité de l'écrivain jusqu'à créer des automatismes, en se basant sur le dictionnaire par exemple, ou en créant des textes nouveaux sur la base d'anciens déjà existants et souvent très connus, c'est d'autant plus drôle (je reprend un texte célèbre de Hugo je bidouille un principe oulipesque la dessus et hop, il devient le mien ) faute d'avoir un " dictionnaire du jeu vidéo ", on peut toujours avoir les références " culturelles ". Donc je vous engage à citer tous les passages célèbres (de préférence jouables) des jeux vidéos, duquel tout joueur normalement constitué aura fait l'expérience pour pouvoir en tirer des versions alt
ernatives ou hybrides. Par exemple le moment bateau ou Séphiroth tue Aéris dans ff7, je suis sur que, même après avoir subi moult opérations chirurgicoujepivales, tout le monde le reconnaîtra ! Ces passages là, il faut en faire une liste pour piocher dedans facilement.

Méthode S+7. Vite fait : remplacez les mots d'un texte déjà existant par le septième suivant dans un dictionnaire. Plus tout dérivé de cette méthode.


La cimaise et la fraction

La cimaise ayant chaponné tout l'éternueur
Se tuba fort dépurative quand la bixacée fut verdie :
Pas un sexué pétrographique morio de mouffette ou de verra
Elle alla crocher frange
Chez la fraction sa volcanique
La processionnant de lui primer
Quelque gramen pour succomber
Jusqu'à la salanque nucléaire.
" Je vous peinerai, lui discorda-t-elle,
avant l'apanage, folâtrerie d'Annamite !
interlocutoire et priodonte. "
La fraction n'est pas prévisible :
C'est la son moléculaire défi.
" Que ferriez-vous au tendon cher ?
discorda-t-elle à cette énarthose.
" Nuncupation et joyau à tout vendeur,
Je chaponnais, ne vous déploie.
" Vous chaponniez ? J'en suis fort alarmante.
Eh bien ! Débagoulez maintenant. "


Permutations. Permuter les mots, lettres. (comprenez dans notre cas chipsets, etc...). " Luth, prends ton poète et me donne une fleur ".
Variation, un poème au gré du lecteur :

Feuille - Rose
I X I
Porte - Ombre

Jean Lescure

Lisez ce poème, par exemple, " Feuille de rose porte d'ombre ", ou " Feuille rose à l'ombre d'une porte ".

Inventaire. Réduire un texte à l'inventaire de ce qu'il contient. Je donnerai pas d'exemple, comprenez ça comme vous le voulez, ce sera mieux.

Citations à pas trop perdre de vue, de Jacques Bens : " (...) l'OuLiPo dont un des buts reste, essentiellement, de dégager l'affectivité potentielle de textes pré-existants, par des moyens objectifs. ". Ouais, je trouve que c'est une facette importante des activités des ou-x-po, c'est à dire produire des œuvres qui sont le résultat d'automatismes, avec le moins d'intervention possible du " créateur ". Je me souviens d'un programme qui circulait sur internet, permettant de combiner deux feuilles de codes basic en une. (C'est à dire, que par exemple vous lui donniez un programme de comptabilité et un rpg en mode texte et il vous pondait un mélange des deux, où les montants annuels cohabitaient avec le nombre de points de vie d'un perso ou je ne sais quoi). Personnellement, je trouvais qu'il ne marchait pas très bien, c'est fort dommage (ou alors c'est moi qui ne savait pas m'en servir peut-être...) mais je trouve que l'idée est complètement dans l'esprit de ce que j'attends au final de l'oujevipo. Là, si vous a
vez des inspirations dans cet ordre n'hésitez pas.

Rétention des sections rimantes. Selon Queneau, il paraît qu'en ne gardant que les fins de rimes (genre juste le dernier mot) des poèmes de Mallarmé, on comprend quand même ce qu'il se passe.

Création de proverbe en rapprochant deux fins de vers existants qui riment. " Qui doute de tout flatte l'égout ". Ça me fait aussi penser à ce principe de mélanger les proverbes " Rien ne sert de vendre la peau de l'ours, il faut partir avant de l'avoir tué " etc...

Poésie antonymique. Remplacer chaque mot par son antonyme.

Création d'un poème en relevant des alexandrins dans un texte en prose. Je le fais avec ce texte là que je suis en train d'écrire. Bon, ça rime pas top mais c'est pas grave.

Vous cherchez des idées de contraintes marrantes ?
Là, on peut y voir de grandes applications,
Je met quelques textes et poèmes en exemple,
On peut aussi donner sa propre définition.

Poèmes algoliques (hips !). Consiste à utiliser les structures ALGOL (ou même son " vocabulaire "). En voici en voilà : tableau étiquette début rémanent booléen procédure commentaire réel faire pas sinon chaîne fin aiguillage faux alors pour vrai aller à jusqu'à si valeur entier tant que.
Alors là, des applications vidéo ludiques, il y en a un sacré paquet, ( par ex. reproduire à grande échelle dans la structure d'un jeu, la structure de la programmation. de sa première scène).

Rimes hétérosexuelles. Alternance de rimes m/f, je vois pas d'application en jeu, mais je le met quand même.

100000000000000 de poèmes, de Queneau. C'est un livre dont les pages sont découpées en fragments que l'on peut déplacer pour créer un poème " custom " à partir des vers proposés. Comme vous le voyez, il y a beaucoup de combinaisons ! ! !

Poèmes irrationnels. Basés, par exemple sur le nombre p, intéressant mais j'insiste pas non plus, imaginez ce que vous voulez.

Le livre jeu de go. Un livre séparé en petits textes dont certains représentent les pions blancs d'autres les noirs et qui se lit comme l'on disputerait une partie de go. Ça m'a l'air sacrement trippant, mais pour être franc, après avoir lu le mode d'emploi de ce livre j'ai pas capté grand chose.

Le théâtre booléen. Bon vite fait, ça consiste à créer des " intersections " entre des pièces jouées en même temps. Il y a une pièce comme ça où les spectateurs sont au milieu, et la scène, tout au tour est divisée en plusieurs " secteurs " qui sont différentes pièces d'une demeure, et les scènes se jouent en même temps dans tous les lieux, le spectateur peut se déplacer aller voir ce qu'il veut, je ne me souviens plus du nom de cette pièce.

Un conte à votre façon, de Queneau. Ben là à la base c'est déjà le principe même de certains jeux vidéos (comme dans les " livres dont vous êtes le héros " vous savez, allez en page x ou y...). Pour ceux qui ont essayé " le vanneau " c'est un peu ça, personnellement j'aime beaucoup ce principe, même s'il n'a rien d'original dans un jeu, le mixer avec d'autres styles évite la linéarité, et accessoirement le joueur à l'impression de servir à quelque chose. Il y a aussi un système pas mal pour berner le joueur qui aura l'impression qu'on lui laisse plein de choix possibles alors qu'en fait pas tant que ça, c'est celui de " l'arbre à théâtre ". Voici les liaisons possibles : 1 mène à 2 ou à 3, 2 mène à 4 ou à 5, 3 mène également à 4 ou à 5, pour simplifier, disons que 4 et 5 mènent tout les deux à 6 et hop ! c'est reparti. Truc intéressant aussi : j'avais vu un projet qui avait été fait dans une école primaire, je ne sais pas exactement comment ils s'y étaient pris mais chaque enfant d'une classe avait donné des
idées différentes pour la réalisation d'un conte, elles ont été classées et un programme sur pc avait été réalisé ; avec ce programme on choisissait des noms d'élèves, par exemple je veux voir la version de ce conte selon Nicolas + Alexandre + Joséphine et hop, on avait une version custom du conte, et il y avait des tas de possibilités et de combinaisons. Enfin bon, ça en jeu vidéo, ce serait la classe... Je veux un jeu... euh alors... Nori + Unik + Sat + Programmeur en série lol O-o.

Textes en trois dimensions. Ouais, là honnêtement j'ai pas des foules d'idées pour transposer ça en jeu... Ouais, pourquoi pas imprimer des feuilles découpées à disposer en plans devant l'écran lol... :-s Euh ouais, mais je vois pas trop à quoi ça mène...

Bords de poèmes. Jouer sur les bords des poèmes. Pour aller directement plus loin, c'est un peu le principe de calligrammes.

Dans la lignée des poèmes algol, voilà une série de termes donnés par Le Lionnais pouvant servir de structure. Ensembles classes éléments appartenance inclusion réunion intersection complémentation différences symétriques différence. Relation réflexivité symétrie asymétrie dissymétrie antisymétrie transitivité. Préordre Ordre Ressemblance. Loi de composition (interne, externe, exterexterne). Associativité commutativité distributivité simplifiabilité concaténation. Voisinage ouvert fermé frontière adhérence catastrophes. Correspondance application injection surjection bijection fonction morphisme homomorphisme endomorphisme automorphisme epimorphisme monomorphisme homéomorphisme difféomorphisme. Graphe clique. Groupoïdes monoïdes groupes neutre. Quantificateurs. Parallélisme translations sécance tangence perpendicularité angle. Transformations affines, projectives, par inversion. Distance écart. Probabilités, enchaînements markoviens.
J'ai vu qu'il existe " Art et ordinateur " publié par Le Lionnais... Si je le trouve je le lis, il y a sûrement des idées cool pour nous. Je pensais aussi à ce que fais Xenakis en musique par exemple. Prendre un phénomène physique et transposer ses données dans un autre domaine pour illustrer son comportement.
J'avais lu également que quelqu'un proposait de construire un texte sur le modèle d'une psychologie animale (pour ce qui est du jeu, c'est particulièrement intéressant pour ce qui est de la notion de buts du jeu, obstacles, niveaux, etc...).

Le Lionnais avait également entamé une liste visant à appliquer des structures définies sur les éléments significatifs intervenant dans un poème ou un récit. Voici : Idées, sentiments, sensations, objets, actions, phénomènes, etc...

J'ai vu des textes oulipiens aussi où des extraits avaient été fragmentés puis complétés. C'est à dire, je prends la phrase " J'aime manger les chiens tout crus ", et j'en fais " J'aime me mettre à table pour manger des nuggets, les chiens aussi en mangent, mais eux, ils préfèrent les manger tout crus. " etc... On peut aussi imaginer ça avec des bouts de phrases différentes. En jeu, ça donnerait que quelques makers font chacun un bout de jeu indépendemment, puis le dernier maker récupère tous les bouts et esaye de les assembler dans un jeu cohérent.



Voilà, félicitations si vous avez tout lu, je vais continuer à chercher des exemples de contraintes, aussi mettez celles que vous connaissez, et pour finir, voici quelques poèmes et textes divers :


Fenouil

(Le Lionnais ( ?) 1957, poème composé d'un seul mot)

Extrait du petit abécédaire illustré de Perec :
C :
Dans un salon, des dames papotent au sujet de l'adultère.
D :
Un jeune enfant élevé à la manière anglaise, remarque, non sans malice, que l'on traite souvent son père de grasouillet.

Comprenez pour C : " Caquet : Qui cocu ? ", etc... Pour D je vous laisse trouver.

:
1, 2, 3, 4, 5.
6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10.
12 ?
11 !

(Le Lionnais 1958)


Quelques Poèmes Moebiuséens, pour les lire, il faut les écrire sur un ruban de Moebius et effectuer des sections, mais contentez vous de suivre les chiffres que je note. J'adore ces textes, je crois que l'auteur est Luc Etienne ( ?).

Trimer, trimer sans cesse,
Pour moi, c'est la sagesse
Je ne puis flemmarder
Car j'aime mon métier...
C'est vraiment éreintant
De gaspiller son temps ,
Et grande est ma souffrance,
Quand je suis en vacances.

Voilà, après avoir modifié le ruban, on obtiens les vers dans un autre ordre, à savoir : 1 5 2 6 3 7 4 8 Relisez-le comme ça.

Il faut faire ici-bas
Le devoir sans faux-pas,
Subsister sans folie
Est le but de ma vie.
L'amour, toujours l'amour,
Est d'un faible secours.
La pire absurdité :
Chercher la volupté.

Pareil avec : 15267384.


Quelques poèmes de Desnos. Je ne crois pas qu'il ait fait partie de l'oulipo, mais il a fait des choses dans le même ordre d'idées.


L'asile ami

Là ! L'Asie. Sol miré, phare d'haut, phalle ami docile à la femme, il l'adore, et dos ci dos là mille a mis ! Phare effaré la femme y résolut d'odorer la cire et la fade eau. L'art est facile à dorer : fard raide aux mimis, domicile à lazzi. Dodo l'amie outrée !


Vent nocturne

Sur la mer maritime se perdent les perdus.
Les morts meurent en chassant
Des chasseurs dansent en rond une ronde
Dieux divins ! Homme humains !
De mes doigts digitaux je déchire une cervelle cérébrale.
Quelle angoissante angoisse !
Mais les maîtresses maîtrisées ont des cheveux chevelus
Cieux célestes
Terre terrestre
Mais où est la terre céleste ?




Je m'arrête là.